Un massage au poil

Avant de passer sur la table de massage, il y a des procédures à respecter.


D’abord, tu dois prendre rendez-vous en personne. Quand tu arrives, tu es reçu par une jeune fille en pyjama qui t’accueille avec le sourire d’une poule qui vient de pondre son premier œuf. Un peu stone, elle te parle très doucement avec le ton monocorde d’un serpent qui endort Mowgli avant de le déguster. Puis, tu te rends compte qu’ils sont tous comme cela et tu finis par te demander si tu ne t’apprêtes pas à entrer dans une secte, celle des pyjamas noirs.


La prise de rendez-vous se termine par demander ce que tu souhaites comme type de massage et s’il y a des endroits de ton corps à éviter. Bon, ok, on ne te demande pas celles où tu souhaites être manipulé mais, bon, n’insistons pas avec les illuminés. Une fois le rendez-vous enregistré, je me suis quand même demandé si je n’étais pas en train de faire une boulette.


Le jour J à l’heure H, je me présente devant l’autel. Kaa m’attend, les yeux en tête d’épingle, avec le kit du parfait petit massé : un peignoir (blanc), une paire de … semelles qui sont en fait des slashes et, oh surprise, une espèce de cache sexe en papier noir (j’ai supposé que c’était pour l’arracher plus facilement).  Comme je tiens quand même un minimum à ma vertu, j’ai préféré enfiler mon maillot de bain (méfiant que je suis, j’en avais un dans ma poche).


Ensuite, la vestale m’a emmené à ma masseuse qui s’appelle … Juan et qui affiche une barbe de cinq jours. Gloups ! Sur le coup j’ai pensé que j’aurais dû m’équiper d’une ceinture de chasteté mais c’était trop tard.


Juan m’a guidé vers la pièce où il officie. En son centre, trône une espèce de banc avec un trou à une de ses extrémités. Tu dirais une chaise percée sauf que, là, c’est l’autre extrémité de son tube digestif que l’on y place. La musique d’ambiance est du style à endormir un troupeau de zombies en rut en moins de temps qu’il ne faut pour le dire mais je n’étais pas d’humeur à tomber en pâmoison en maillot de bain.


Je m’installe donc sur cet engin, la tête dans le trou et les fesses en l’air. La vue était … comment dire … imprenable … sur les orteils de Juan.


A ce moment, tu te rends compte que tout est joué. En fait, le massage ressemble très fort à un combat de Sumo où un seul des adversaires tourne autour de l’autre. Les règles sont simples : le propriétaire des orteils doit trouver l’endroit le plus sensible de ton corps (ce qui n’est pas très difficile) et le combat peut commencer ! Le Sumo vertical s’évertue à appuyer le plus possible sur la zone sensible pendant que celui en slip doit feindre le stoïcisme le plus total. Ce jeu de serpent et de mangouste peut durer assez longtemps. Il est même permis de feindre la douleur pour diriger l’adversaire vers un endroit tout à fait inoffensif. J’ai essayé mais Mister Orteils 2018 a déjoué la manœuvre et est revenu à la charge à une autre place. Pas à dire mais ils sont très forts, ces pyjamas noirs.


Le jeu a duré une petite heure et s’est soldé par la victoire de la femme à barbe. Cela dit, à la sortie, je n’avais plus mal aux endroits sensibles. Tout le reste n’était que douleur, mais au moins, ma vertu était sauve.

VTT au Club Med de Samoëns

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L’ouverture d’un nouveau Club Med alpin qui propose le VTT a immédiatement attiré notre attention. Nous nous sommes dit qu’en choisissant la dernière semaine des vacances, il ne devrait plus y avoir ni trop de monde ni trop de gosses.


Mal nous en a pris ! 450 gosses ! Maintenant, je sais à quoi ressemblera l’enfer, quand j’y arriverai à sa porte. Ca gueule, ça crie, ça pleurniche, ça court … tant et si bien, qu’avec Valérie, nous avons commencé un concours de croche-pieds 👿 en mode « assiette en main ». On a quand même bien rigolé après avoir réussi quelques ricochets d’anthologie 😈.
Bon, vous nous connaissez : nous sommes venus à Samoëns en tant que vttistes pour pratiquer ce sport (nous avions nos propres vélos). C’est tout dire que les spectacles et autres jeux de bistrots étaient loin d’être une priorité pour nous. Notre intérêt se portait sur le Crosscountry (niveau rouge) et la descente (DH) (niveau bleu-rouge).


Samoëns dispose de trois pistes de DH classifiées bleue, rouge et noire. La noire n’est pas du tout utilisée car trop dangereuse. J’estime que la bleue est au moins du niveau d’une rouge dans d’autres centres et la rouge est l’équivalent d’une noire. Cela pour indiquer le niveau. J’avoue avoir été surpris de voir des personnes en initiation DH s’attaquer directement à cette « bleue ». D’après ce que j’en sais, cette piste a occasionné plusieurs accidents (clavicules et poignets) durant la saison. J’ignore s’il y a un lien de cause à effet mais une piste verte serait bien nécessaire. Ce qui me semble aberrant, c’est que le Massif dispose d’assez d’endroits pour pouvoir développer une réelle initiation sur des pistes vertes/bleues et ce, directement au départ du Club (les descentes vers Morillon). Cela dit, les GO responsables de la DH m’ont semblé compétents et suffisamment didactiques que pour faire passer les messages. J’ai apprécié les gilets avec protections intégrées, l’obligation de porter un casque intégral et l’échauffement des articulations avant le « run ».


En ce qui concerne le crosscountry (XC), je suis beaucoup plus critique. D’abord, le Club est installé à 1600 mètres et il faut quasiment systématiquement descendre dans la vallée (avec les « œufs ») pour prendre les vélos (chez un loueur) avant de commencer à rouler. 40 minutes de perdues à l’aller et 20 au retour limitent donc les durées des randos👎. Les GO sont compétents mais assez mal organisés 👎. L’équipe est en place depuis deux mois et ils en sont encore à devoir se guider au GPS pour des parcours, ma foi, assez simples. Au départ de la journée, ils ont chaque fois été incapables de donner une estimation réaliste de la longueur et du dénivelé du parcours. A croire qu’ils débarquaient.


En matière de professionnalisme, ils sont encore loin de celui de l’équipe de Peisey-Vallandry👍.


Les vélos🚲 sont fournis par un loueur de la vallée. Je veux bien croire qu’ils étaient neufs en début de saison mais là, la dernière fois qu’ils ont dû voir une goutte d’huile ou de graisse, cela devait dater de leur sortie d’usine. Plusieurs vélos ont des roues voilées. D’après ce que j’ai pu voir, l’entretien se résume souvent à un coup de nettoyeur à haute pression. A voir le peu de soin apporté à ces pauvres vélos, je doute qu’ils fassent long feu et je ne conseillerais à personne de les racheter en fin de saison.


Comme d’habitude, on s’inscrit le soir pour les activités du lendemain. A Samoëns, pour obtenir une place, il faut s’y prendre bien à l’avance. Si vous arrivez moins d’une demi-heure avant l’heure prévue, vous aurez déjà une file d’une bonne vingtaine de personnes devant vous. La meilleure solution est de se poster devant le comptoir au moins 45 minutes avant l’ouverture et d’envoyer une autre personne, 3 étages plus bas, pour le ravitaillement en bières. Ce n’est franchement pas top. Plusieurs personnes se sont senties, à juste titre, grugées par ce système. Je ne vous dis pas non plus que les inscriptions se trouvent juste à la sortie du mini-club. Il y en a quelques-uns qui ont failli apprendre à voler rapidement.


Le personnel du Club est souriant et aimable à souhait. Chacun arrive toujours à nous faire penser qu’il n’est là que pour nous. C’est vraiment l’esprit du Club tel qu’il doit l’être et c’est très bien ainsi.En ce qui concerne le bâtiment, j’avoue devoir vraiment me creuser les méninges pour lui trouver quelque chose de positif. J’aimerais connaître le stagiaire geek architecte qui a pondu un tel dédale de couloirs. Les dessous de tables devaient être inversément proportionnels à la taille des ascenseurs parce que c’est la seule explication que j’ai trouvée pour avoir installé un système aussi mal torché. Les affiches collées par un peu partout pour vanter les mérites de la marche à pied et le fait d’emprunter les escaliers ne m’ont pas convaincu une seule seconde. Une poussette et une paire de parents suffisent à remplir la cabine. Imaginez ce que cela donne aux heures d’ouvertures du restaurant ou lors des arrivées et départs.
Je suppose que quelqu’un a dû se faire bien mousser en trouvant plus approprié de baptiser les étages d’une lettre plutôt que, comme partout, par des chiffres mais c’est tout sauf pratique. Cela l’est encore plus quand on commence l’alphabet à la lettre C, que l’on saute le K (selon les endroits où on se trouve dans le Club) pour passer directement du J au L, que pour passer d’un côté du I à l’autre, il faut descendre de deux lettres et remonter ces mêmes deux lettres par un autre ascenseur ou encore quand on vous dit que la réception est au H.
La taille de ce « village » tend vers le gigantisme et il ressemble plus à une usine à GM qu’à un village de vacances.


Notre chambre était claire mais, comparée à celles de Peisey, était un tiers plus petite. Sa taille rendait difficile le séchage du linge après le sport.
En résumé, je ne peux pas dire que nous ayons passé une mauvaise semaine mais si on cumule les pertes de temps à attendre les ascenseurs et/ou les œufs, nous aurions certainement pu rouler d’avantage sans devoir subir ces inconvénients.


Vous comprendrez aisément que le Club Med de Samoëns ne risque pas de nous revoir et que nous encourageons ceux qui veulent réellement faire du Vtt XC à se rendre dans d’autres villages tels que Peisey ou même Pragelato qui ont une taille plus humaine et une équipe vtt mieux rodée.


J’ajoute que nous étions tentés d’inaugurer la saison d’été 2019 du nouveau village des Arcs 1600 mais, vu la taille du paquebot, je pense que nous attendrons le feedback des premiers clients.

Mise en place de l’Enjambée

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Pour rappel, l’Enjambée, c’est le nom choisi par les namurois pour baptiser la nouvelle passerelle cyclo-piétonne qui va être installée … en face de chez nous. Ce n’est pas vraiment le petit nom que j’avais choisi. Je préférais … l’entrejambe. Mais, bon, chacun ses goûts et les namurois, coincés qu’ils sont, ont fait un autre choix … Bref !
Pour ceux qui connaissent, sur 500 mètres, Namur est traversée par 3 ponts :

  • le pont de Jambes qui doit dater des romains. Etroit et peu pratique pour les piétons et les cyclistes, c’est celui que nous utilisons régulièrement pour nous rendre à pied au centre-ville
  • le pont des Ardennes qui est légèrement décentré et que nous n’utilisons qu’avec la voiture
  • le pont du Luxembourg est celui sur lequel passe le train. Il est doublé d’un accès piétonnier et, parait-il, cycliste. Très mal foutu, sale et mal famé, il est peu utilisé.

Comme nous avons beaucoup de pognon et que le bourgmestre (à mi-temps) de Namur est un peu mégalo, il a été décidé de construire un quatrième pont qui passera par le nouvel aménagement du Grognon (en cours de travaux jusque 2020). Ce pont, une passerelle en fait, est financé par la Région Wallonne (qui a du pognon aussi) et l’Europe (qui est pétée de thunes). Il est exclusivement réservé aux vélos et aux piétons.
Ne croyez pas que je critique pour le plaisir (même si ce n’est pas entièrement faux 😊) parce que l’installation de cette passerelle va nous mettre le centre de Namur à 2 minutes à pied. C’est dire si nous sommes intéressés.
La base jamboise de cette passerelle a nécessité l’expropriation et la démolition de 6 maisons. Les travaux ont commencé en 2017 par des grues, des bulldozers, des camions et une espèce de foreuse géante destinée à installer des pieux sécants.  Ces opérations nous ont cassé les oreilles pendant des mois.


La Belgique comptant pas mal d’entreprises compétentes aussi il a été décidé de confier le chantier à … des espagnols. Les premiers éléments métalliques sont arrivés en juillet sur des camions … portugais. Les 5 pièces de 37 tonnes chacune sont assemblées sur une barge, juste devant nos fenêtres par les ouvriers … espagnols assistés de quelques … hollandais. Vendredi, la barge sera mise en place par un remorqueur (pousseur) … allemand.
Le week-end prochain, l’idée est de mettre la barge en travers de la Meuse et de remplir la barge d’eau pour faire descendre la passerelle en espérant qu’elle tombe pile dans les bases de chaque côté de l’eau. J’espère qu’ils ont bien calculé leur coup sinon on va se retrouver avec la passerelle de la Méduse.


Comme ils ont pris du retard (tiens, tu m’étonnes !), ils sont en plein sprint, à deux équipes, 24 heures sur 24. C’est vraiment top : la nuit, à moitié endormi, tu te relèves pour pisser et tu te retrouves nez à nez avec un mec en train de souder des bouts de ferrailles à 3 mètres de ta fenêtre. Sur le coup, tu te rachètes un pot de chambre et tu te recouches.


La nuit est assez colorée : non seulement ils soudent et ta chambre à coucher ressemble à un lupanar de Hong-Kong mais, en plus, ils meulent et là, tu te retrouves en plein carnaval de Rio avec des étincelles partout. De temps en temps (toutes les 20 minutes, quoi) ils s’amusent à battre la mesure avec de gros marteaux métalliques : les tambours du Bronx à portée de tympans. D’ici à ce qu’ils nous jouent des derviches tourneurs avec leurs tenues de soudeurs, il n’y a qu’un pas. Et, comme en plus, la température caniculaire actuelle nous fait plus penser au désert de Tasmanie qu’à une ville pluvieuse belge, vous comprendrez aisément que le matin, après s’être levé pour la quinzième fois, on soit légèrement énervé avec quelques envies de meurtres (en série).


Bon, quand ce sera terminé, outre le fait pour Namur de se targuer de posséder le plus grand nombre de ponts au mètre courant, cela va vachement nous faciliter la vie. Enfin … on l’espère …
Eric