Le Rallye de la Pomme

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Le rallye de la pomme, cela vous parle ? Ben … pas à moi en tous les cas.

Nous avons des amis vététistes ardéchois qui organisent ce rallye chaque année. Nous leur avions promis d’y participer un jour où l’autre. Mais comme cela se passe en octobre et que nous ne voulions pas nous farcir 900 kilomètres pour faire du vtt sous la drache, on se disait que ce n’était pas pour demain.

Mais voilà : Le réchauffement climatique passant par là, nous nous retrouvons, le 7 octobre, avec une météo 2023 digne de la Californie, les incendies de forêts en moins. Dès lors, nous n’avons pas eu d’autre choix que d’embarquer les vélos, l’équipement, les sacs, la trousse de secours, les casques, le chat, la pompe à vélo, la belle-mère (je rigole … on n’est pas cinglés à ce point) et nous voilà partis vers ce département français d’Ardèche qui est le seul à ne pas posséder d’autoroute. Bon, d’accord, ils ont l’électricité et internet … mais pas depuis longtemps.

Pour éviter le jet-lag et comme nous ne savions pas très bien où nous allions débarquer, une étape s’est avérée nécessaire. Nous nous sommes arrêtés dans un petit hôtel du côté de Meursault d’où nous avons pu parcourir une partie de la voie des vignes, histoire de faire tourner les guiboles.

Le lendemain, départ, direction Saint Clair, pas loin d’Annonay, où nous avons réservé une chambre dans un hôtel dédié aux golfeurs. On faisait un peu tache dans ce monde de vieux plus habitués à mettre leur balle dans le trou qu’à remonter la tige de selle pour escalader une face nord mais nous n’avons pas eu de remarque.

Comme nous sommes arrivés à destination tôt, nous avons sorti les vélos pour « faire un tour » dans le coin. Là, on a compris que nous devions nous méfier. Le petit tour s’est résumé à une trace de 18 km et 500 M de dénivelé. Sauf que ces 500 M ont été réalisés sur … à peine 8 Km, dans une caillasse pas possible. Les chemins sont tellement secs que les seules options possibles sont les cailloux ou le sable. C’est réellement un environnement dur pour les vélos … et ceux qui les montent !!

Le lendemain, départ pour Maclas dans le département de la Loire voisin.

Nos amis ne nous attendaient pas. Ils étaient aux inscriptions, très heureux et surpris de nous voir.

Il faut quand même savoir que nous étions un samedi et que les inscriptions étaient ouvertes à partir de 12h00. C’est vachement inhabituel pour nous. On remplit un papier avec nos coordonnées, on paye un écot modique de 7 euros et, surprise, on nous attribue un numéro. Nous sommes les premiers sur le 40 km. Il y a également un 25 ainsi que deux autres traces pour les routiers.

Le profil de la rando, c’est une grande montée suivie d’une grande descente. A priori, pas de quoi fouetter ma chatte. 40 kilomètres, ok, c’est cool. 1200M de D+, là on aurait dû avoir la puce à l’oreillette.

Et nous voilà partis sous une température aoutienne de plus de 20°, soleil au beau fixe, sans un seul nuage.

Nous comprenons vite l’origine du nom de ce rallye : des pommiers partout. Le terrain est extrêmement sec, de la poussière, du gravier, du sable et des cailloux.

Et pour grimper, nous sommes servis. Les chemins sont techniques et les montées parfois violentes. Au dixième kilomètre, nous sommes rejoints par, Senait, la fille de nos amis. Elle a travaillé chez Santa-Cruz pendant quelque temps et, croyez-moi, elle en connait un bout sur la marque et touche sa bille sur un VTT. Elle se trimbale sur un très beau Tallboy de dernière génération. Je pense que nous devons avoir les trois seuls S-C présents sur ce rallye … et même, dit-elle, dans toute l’Ardèche.

Au quinzième kilomètre, arrivés au seul ravitaillement, nous sommes déjà bien entamés. Maclas est la ville de Justin Bridoux et ce ne sont pas les saucissons qui manquent. Nous remplissons nos bidons et repartons à l’assaut du Mont Pilat après avoir laissé la trace du 25 km derrière nous.

Je pense que Senait peut nous déposer là et terminer la rando toute seule sans difficulté. La voir devant nous nous motive et nous roulons au-dessus de notre rythme habituel.

Nous sommes dépassés par quelques vélomoteurs qui ne semblent pas avoir un seul poil de mouillé.

Le sommet est atteint vers le kilomètre 25. Le paysage est fantastique et je profite de (bien) le regarder pour me reposer.

Je pense en avoir fini mais que nenni … le traceur nous réserve encore quelques côtes pas piquées des hannetons. Mais, à chaque fois, nous découvrons un singletrack plus beau que le précédent et nous lui pardonnons ses offenses.

Dans une des côtes, un petit vieux d’un âge canonique sur un hardtail de 26 pouces me dépose sans même un regard. Cela semble être une promenade de santé pour lui. Moi, je commence à oublier mon nom et à délirer, je vois des chopes de bières à chaque tournant.

Sur l’ensemble des 40 km, nous ne devons pas avoir roulé sur plus de quelques centaines de mètres d’asphalte.

A l’arrivée, on nous demande nos numéros. Je peux supposer qu’ils en perdent quelques-uns chaque année et qu’ils veulent vérifier avant de déclencher le plan Orsec.

Un buffet en libre-service est installé dans la « salle polyvalente » du patelin. On n’y trouve du jus de pomme (ben voyons), de l’eau, du vin, des saucissons, du chocolat, des quartiers de pommes (re-ben voyons). Mais pas la moindre goutte de bière ni de pain-saucisse. Décidément, la civilisation n’est pas encore arrivée jusqu’ici.

Nous en profitons pour faire connaissance avec tous les potes de nos amis qui sont vachement étonnés de voir débarquer deux belges. Je leur explique que leur « rallye » a une réputation qui dépasse leurs frontières et que nous avons été sollicités par le Roc d’Azur (c’est le même week-end) mais qu’entre les deux nous n’avons pas hésité longtemps.

Cela dit, le « rallye de la pomme » reste, à mon sens, l’une des meilleures traces que j’ai pu faire cette année. Je remercie tous les organisateurs pour leur accueil et leur gentillesse et je félicite le traceur pour la qualité de sa trace.

Les deux jours suivants ont été l’occasion de remettre nos jambes de cette épreuve. Nos amis ont préparé quelque chose de très léger : un petit 24 km avec 650 D+ et un autre petit 40 Km avec seulement 650 D+. Comme d’habitude dans le coin, tout le dénivelé s’obtient sur la moitié de la distance.

Merci à Benédicte, Senait et Michel.

Eric

Le secret du « pot belge »

Le mystère de la réussite des cyclistes flamands vient enfin d’être mis à jour grâce à deux courageux enquêteurs namurois qui ont réussi à intégrer une équipe néerlandophone de gravel afin d’en dénicher les secrets les plus profondément enfoncés. (ndlr : d’habitude, ce sont plutôt les cyclistes francophones qui l’ont bien enfoncée). Leur récit :

« Cela fait des années que je participe aux différentes classiques de VTT flamandes dans l’espoir de découvrir ce mystérieux secret. Du mur de Gramont, à la Tour de l’Yser, en passant par les vignobles d’Overijse, les terrils limbourgeois et les cimetières d’Ypres, je suis toujours revenu bredouille de ma quête du Graal flamand. Quel est donc leur méthode pour truster les meilleures places des podiums ?

J’ai tout essayé : les stéroïdes anabolisants, le pot belge, le vin Mariani, les diurétiques, l’héroine, les amphétamines. J’ai pris de l’EPO à en sortir par les narines.  Je me suis même découvert un asthme chronique. Mais rien … rien n’a marché et je me retrouvais inévitablement à me traîner comme une merde derrière les cyclistes flamands. Tout ce que j’y ai gagné, ce sont des couilles fripées, des jambes de Hulk avec un torse de pigeon, des bouffées de chaleur, des éruptions cutanées et une bite qui pousse vers le bas.

En désespoir de cause, nous avons changé de discipline et nous nous sommes inscrits à un gravel du côté de Bruges. Les distances de 55 et 105 km étaient proposées. Comme on ne voulait pas taper la honte à nos hôtes, nous avons opté pour le 55. La météo était au beau fixe mais nous sentions que cela n’allait pas durer. Effectivement, arrivés au ravitaillement, la grosse drache qui pisse nous est tombée sur le crâne et nous avons juste eu le temps de nous mettre à l’abri sous un de ces petits bâtiments que l’on trouve sur les parkings flamands et qui proposent des toilettes (propres) avec évier (propre) et papier toilette (propre aussi), une table (propre) et des petits sièges (propres) ainsi que des panneaux d’affichages didactiques qui montrent tout ce qu’il est possible de faire dans le coin. Ce n’est pas vraiment le genre d’équipement auquel nous sommes habitués de par chez nous.

Comme d’habitude, nous sommes arrivés dans les derniers en ayant quand même réussi à dépasser un enfant de sept ans sur un tricycle, un unijambiste en monocycle et une grand-mère sur un vélo hollandais avec son chien dans un panier. Nous avons appris par la suite que cette dernière avait été disqualifiée car elle n’était pas inscrite, vu qu’elle venait de s’échapper de sa maison de repos.

Une fois installés à l’after, nous avons eu la révélation et nous avons enfin réussi à percer le mystère mystérieux quand un des concurrents, probablement distrait et à l’insu de son plein gré, a révélé le pot aux roses … que nous avons immédiatement immortalisé par une photographie qui servira de preuve lors de la prochaine réunion de l’UCI.

Le secret, c’est une combinaison de deux boissons locales : une espèce de bière rouge et un liquide bizarre nommé « Blonden Os ». A postériori et en y réfléchissant, je m’étais fait la remarque que c’était bien la première fois que l’on me proposait ce type de breuvage à un ravitaillement en plein milieu d’une course. J’en comprends maintenant la raison.

Une fois le secret percé, bien entendu, nous avons voulu l’essayer. On s’est enfilé les deux bouteilles et attendu quelques minutes. Mais, bon … comme on ne sentait rien de spécial, un peu comme le centurion Caius Bonus, on a repris une dose en se disant que cela devait agir lentement.

A la cinquième dose, je vous confirme que l’on se sent pousser des aiiiiles et que tout va beaucoup mieux.

Promis juré, la prochaine fois, on essaye cela en compét … »

Eric & Valérie