Vols à basse altitude au pays de Galles

Pour la plupart des spotters du continent, le vol à basse altitude signifie que les appareils ne sont pas autorisés à descendre en dessous de 300 mètres. Les spotters britanniques, eux, doivent juste se rendre dans une des 20 zones (Low Flying Area) où le vol en dessous de 80 mètres est autorisé. Il existe également d’autres zones (Tactical Training Area) où les pilotes sont autorisés à descendre jusque 30 mètres.

La plupart des endroits où la photographie est possible sont renseignés sur internet. Les terrains sont souvent accidentés et les accès peuvent être malaisés.

Durant ce mois de mars 2006, je me suis rendu 3 jours dans l’une de ces zones, dans les collines du pays de Galles. 

J’ai pu constater que la photographie d’avions à basse altitude nécessite une bonne condition physique, un bon équipement et beaucoup de patience.

Les conditions météo étaient très défavorables, la neige et la glace s’était accumulées dans les collines. Le premier jour, une couche de glace de 2 cm recouvrait toute la neige. Pour monter jusqu’à la « plateforme » d’observation que j’avais repéré, la glace devait être cassée à chaque pas sous peine de dévaler toute la pente. Même les rochers étaient recouverts d’une bonne couche de glace qui empêchait tout appui. Le monopode que j’utilise pour mes prises de photos s’est révélé d’une grande utilité dans cet environnement.

Une fois installé, il ne me restait plus qu’à attendre. Grâce aux informations trouvées sur internet, j’avais une plus ou moins bonne idée de la zone à surveiller dans la vallée en contre-bas. Malheureusement, après trois heures d’une attente infructueuse dans le vent et la neige, j’ai décidé de rendre les armes pour la journée et je suis redescendu pour me réfugier dans la voiture, bien décidé à remettre cela le lendemain.

Ayant bien assimilé la leçon de la veille et emballé d’une couche de vêtements supplémentaire, je suis retourné au même endroit que la veille. Un redoux nocturne avait quelque peu amélioré les conditions de marche mais l’accès à la zone d’observation restait quand même dangereux. Mais cette fois, au moins, je n’étais plus seul. Quatre autres fêlés ont également bravé les conditions pour observer les avions en vols. Ils m’ont expliqué toutes les voies d’accès possibles pour les avions.

Vers 11h, aucun appareil n’avait encore montré le bout de son nez quand soudainement, un de mes compagnons poussa un cri pour signaler une arrivée. Un Harrier GR9 arrivait pleins gaz dans notre direction, en même temps qu’une percée se creusait dans les nuages. Ne sachant pas très bien comment cadrer cela, j’ai un peu pataugé dans mes règlages mais je l’ai quand même eu.

Nous sommes habitués à voir des avions militaires au décollage ou à l’atterrissage et nous ne nous trouvons généralement pas très loin de la piste mais là … j’ignore à quelle vitesse ce Harrier est passé à quelques mètres de moi mais je peux vous dire que je n’ai jamais vu quelque chose d’aussi impressionnant.

Ensuite, les conditions météo se sont quelque peu dégradées tout en restant acceptables pour la photographie.

Située à proximité de cette zone, les appareils de la base de RAF Valley sont des visiteurs fréquents et ses Hawks ne sont pas avares en passages à basse-altitude.

Un des problèmes inhérent à ce type de photographie est que le délai de réaction est très court (à peine quelques secondes) entre le moment où l’avion apparaît dans la vallée et celui où il est à portée photographique. Le son ne se propage pas très bien dans ces vallées et les arrivées sont généralement assez silencieuses (jusqu’au dernier instant bien sûr).  Le scanner n’est pas non plus d’une grande assistance car les fréquences d’écoutes sont nombreuses.

Dans la courant de la journée, nous avons également reçu la visite de Jaguars de la base RAF Coltishall ainsi que d’un Tornado F3 du 111 Sqn de RAF Leuchars.

Par ce climat, il est très important de se munir de batteries de réserve. Et il est préférable de les garder au chaud dans la poche plutôt que dans le sac à dos. Le froid a tendance à vider les batteries plus rapidement qu’on ne le pense. Et c’est d’autant plus exact dans le cadre d’une utilisation d’objectifs auto-stabilisés.

J’ai quitté les lieux vers 16h00, heureux de cette première « vraie » journée de vols à basse altitude.

Le lendemain, j’ai décidé de changer d’emplacement et je me suis rendu dans une vallée voisine à quelques kilomètres de là. Malheureusement, les éclaircies annoncées par les services météo ne sont pas arrivées et seul Hawk s’est montré (pendant une chute de neige) de la journée.