Une question de mode

Hier, j’ai repéré la rando des 37 km de Profondeville en mode furtif.

Dès la première côte dans le bois, le ton était donné : cette rando se fera en mode Rolling Stones. Les pluies des semaines dernières ont évacué la moindre parcelle de terre dans beaucoup de chemins et il ne reste que les cailloux. Mes jambes m’ont remercié durant toute la rando.

La descente de la Couleuvrine était étonnamment bien dégagée mais dans le bas, il a fallu slalomer pour éviter les cailloux qui roulent.

La montée vers les 7Meuses s’est faite en mode Easy Rider sur la route mais la descente, assez rock and roll, m’a fait passer très vite en mode pêcheur à la ligne pour suivre le ruisseau.

La remontée sur l’autre versant a nécessité l’utilisation du mode bucheron. Les travaux de débardages ont en effet creusé d’énormes sillons et seule la partie centrale du chemin est utilisable. Si la rando est blindée de monde, nous devrons tous passer en mode chenille processionnaire.

La descente vers Annevoie n’a pas posé trop de problème. Il faut noter que les coulées de boue des dernières semaines ont provoqué des amoncellements de petits cailloux et de graviers à certains endroits. En arrivant trop vite dans ces tas, vous risquez de passer rapidement en mode VanDerPoel (* Cfr définition ci-dessous).

La traversée de la Meuse se fait par l’écluse. Une fois de l’autre côté, il faut passer par le petit tunnel sous les voies du chemin de fer. Avant de vous enfoncer dans ce tunnel, je vous suggère de regarder la petite plaque métallique située du côté gauche de l’entrée et qui indique la date du 15 janvier 1920. Elle représente le niveau de la crue de la Meuse à cette date. Entre le 8 et le 13 janvier 1920, il était tombé 172 mm de précipitations par m2. Regardez autour de vous et essayez de comparez avec la situation des derniers jours. Comme quoi nos arrière-grands-parents n’étaient déjà pas à l’abri des inondations et, à cette époque, ils ne disposaient pas du matériel de sauvetage ni de déblaiement d’aujourd’hui. C’était il y a un siècle.

La remontée sur la rive droite de la Meuse se fait verticalement en mode Iron Man. Le ravinement a sacrément abîmé les traces et quelques (gros) trous se sont formés dans le revêtement, surtout dans le bas de la montée.

Une fois arrivé sur le plateau, je suis passé en mode Homme des bois pour attaquer les singletracks qui m’ont accompagné jusqu’au retour à la Meuse. N’espérez pas y trouver trop de zones permettant les dépassements. Avant de sortir du bois, j’ai du passer en mode porc épic tant les ronces et autres joyeuses orties ont pris du plaisir à me chatouiller les jambes.

Parmi les critiques de la rando de Profondeville, on note souvent l’utilisation de chemins archi-connus dans la région. Je peux vous assurer que ce n’est pas du tout le cas dans cette descente qui m’a fait découvrir des passages qui m’étaient tout à fait inconnus. Ces passages techniques ont un prix à payer car ils m’ont obligé très vite à activer le mode Minnaar.

La remontée sur la rive gauche de la Meuse se fait par le Collège de Burnot et sa célèbre grimpette que nous ne prendrons par jusqu’au-dessus mais bien en virant à droite à mi-chemin en direction de Profondeville. Cela permet de rejoindre le dessus du plateau afin de se préparer à passer en mode DH puis Rando pour entamer la descente technique vers le point de départ où le mode pilier de comptoir est de rigueur.

En résumé, c’est une très belle trace assez éprouvante et technique qui demande de nombreux passages en mode Kenny Balaey. J’ai terminé avec un bon millier de mètres de D+.

Je voudrais revenir un instant sur l’utilisation de chemins archi-connus. La région de Profondeville comporte un nombre impressionnant de traces, de chemins, de sentiers, de bois, … bref : tout ce qu’il faut pour ravir les vttistes. Ce que j’apprécie particulièrement dans cette organisation c’est qu’ils changent les combinaisons de possibilités chaque année. Alors, oui, ces bouts de traces sont connus individuellement mais ils sont accouplés de manière différente (ou même dans un autre sens) à chaque fois. A mon avis, c’est ce qui fait tout le charme de cette organisation.

(*) Le VanDerPoel est une figure artistique bien connue des vttistes. Elle porte le nom de celui qui en est le meilleur spécialiste. Elle consiste en une séparation physique et prolongée de la bicyclette avec son cycliste. Celui-ci poursuit une trajectoire horizontale et légèrement descendante (appelée trajectoire de la pauvre cloche). La roue avant de la bicyclette suit une courbe orientée vers le bas pendant que la roue arrière continue vers l’avant selon une ligne légèrement parallèle à celle du cycliste. Au milieu de sa trajectoire, ce dernier reçoit une poussée complémentaire de la part de la roue arrière appelée Balls Kickback (plus communément appelée « coup de roue dans les burnes »). Cette figure est très rarement réussie car la facétieuse gravité empêche souvent le cycliste d’atterrir en douceur sur la selle du vélo dans le même mouvement. Réussie, cette figure apporte un nombre de points considérable mais quand elle échoue, elle provoque généralement une réinitialisation du compteur du cycliste.

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