
Bon, me voici de retour de ma première rando organisée en sol britannique. Il faut quand même que je vous explique parce que, bien entendu, les anglais ne font jamais les choses comme tout le monde … sans pour cela sous-entendre qu’ils les font mal, que du contraire.
D’abord, cette rando est organisée par le plus grand site internet de vente de matériel de vélo en Europe. Il faut s’inscrire à l’avance et, donc, payer au moment de l’inscription. 37 pounds, ce n’est pas donné. Mais quand on aime, on ne compte pas. J’espère quand même qu’à ce prix là, ce sera le grand amour.
Trois distances sont proposées : 17, 29 et 39 miles. Oui, ici, c’est en miles.
Bien entendu, entre le moment de l’inscription et le D-day, tu reçois plein de mails avec des promotions fantastiques sur le site internet de l’organisateur. Mais cela, c’est de bonne guerre.
Quelques semaines avant, tu reçois encore un mail avec une pièce jointe de 8 ( !) pages qui te ré-explique toute la procédure en te fournissant, gracieusement, le tracé de la rando, que tu peux même télécharger dans ton GPS. Ce n’est pas si mal et cela évite d’avoir des messages de ceux qui se sont perdus parce qu’ils ont loupé une flèche.

Les horaires sont très stricts. Tu dois arriver à 7h20 mais pas avant et l’enregistrement commence à 7h30, pas une minute avant. A 8h30, les enregistrements doivent être terminés. Tu fais cela chez nous et c’est le boxon assuré.
Le D-day, quand tu arrives au départ, tu es accueilli par une cinquantaine de playmobils en chasubles jaunes (des fois que tu ne les verrais pas) qui t’indiquent, au centimètre près, où tu dois parquer ton véhicule. Une fois en place, tu laisses ton vélo accroché à la voiture et tu prends ton casque pour aller à l’enregistrement où tu te places dans la file qui correspond à la lettre de ton nom (ton nom ! Imbécile, pas ton prénom …). Les anglais sont des fanatiques de la file (la queue comme ils disent) et surtout, ne fait pas comme ce français, qui a essayé de resquiller et qui a failli se faire arracher les couilles.
Comme tout est organisé, cela va très vite. Sur ton casque, on te colle une puce pour te chronométrer (pas de casque, pas de rando), tu reçois une plaque d’identification à fixer à l’avant du vélo, quelques brols d’un sponsor quelconque et tu repars à ta voiture. Tout cela en 5 minutes, top chrono.Ensuite, tu t’apprêtes, tu flânes, tu te grattes ce qui te démange. Bref, tu fais ce que tu veux en attendant l’heure du départ.

Celui-ci se fait dans un box, par paquets de trente. Dans le box, on te rappelle encore une fois les consignes (couleurs des flèches et patati patata …). A l’heure H, le box part tranquillos. Personne ne te pousse en gueulant « chrono » (ben tiens, on en a tous un). Deux minutes plus tard, le box suivant est lancé. Et cela continue jusqu’à épuisement des stocks.30 minutes après le départ du dernier, les équipes commencent à déflècher (oui, dans le sens de la course … imbécile va).
Les flèches sont tellement visibles (noir sur fond rose-violet) qu’un aveugle pourrait ne pas perdre son chemin. Pourquoi donc nous échinons nous à utiliser des couleurs si peu visibles ? Et pour être certain, on les place par trois et en plus, il y a de la rubalise rose bonbon. C’est d’un chic, je ne vous dis pas.
Des fois que des demeurés se seraient inscrits, quasiment à chaque croisement de route, on a placé un ou deux playmobils avec des drapeaux (jaunes et roses) pour indiquer le chemin et qu’il faut bien faire attention de ne pas se faire encorner par une Aston Martin en traversant la route.
Ici, tu prends du dénivelé sans quasiment t’en rendre compte. Les montées sont généralement très longues sans obstacle du style gros cailloux, tronc d’arbre ou tuyau d’évacuation comme nous nous plaisons à les placer devant les roues des vttistes (cà, c’est notre côté jouette et taquin).
Il ne faut pas s’attendre à des descentes hyper-techniques. Par contre, elles sont généralement très amusantes pour peu qu’elles soient en single-track (et il y en a pas mal comme cela).
Les paysages sont superbes et les quelques villages que nous traversons sont d’un charme tout britannique qu’on ne trouve qu’ici (forcément, vous me direz).

La rando se passe dans une politesse extrême. Personne n’imaginerait pousser quelqu’un ni même le frôler de trop près. Ce serait « shoking ». Quand un vttiste se rend compte qu’un autre, plus rapide, est derrière lui, il propose de le laisser passer. Vous me direz que c’est tellement plus amusant de dégager la chicane mobile d’un coup de pied en l’envoyant dans le fossé (encore notre côté taquin) mais ici, cela ne se fait tout simplement pas.
Nous avons eu droit à deux ravitos 5 étoiles. Avec toilettes, distribution de tout ce que tu peux espérer t’enfiler sans devoir regonfler ta suspension, un médecin mobile (avec sa moto), une camionnette de réparation (c’est comme un food-truck sauf que c’est pour réparer les vélos).

A l’arrivée, tu passes dans le portique de chronométrage et une charmante jeune fille te passe une médaille autour du cou. Si elle y arrive … parce que dans mon cas, j’ai eu l’impression qu’elle voulait absolument me fourrer le casque et tout ce qu’il contenait dans son opulente poitrine. Heureusement, j’y ai échappé. Tu reçois également un t-shirt de finisher (ce qui est toujours sympa) et une boisson revigorante. C’est surtout ceux pour lesquels la charmante demoiselle est arrivée à ses fins qui en ont besoin.
Après, tu peux aller au bike wash qui n’a rien à envier aux nôtres, à l’exception notable de la distribution gratuite de produits de nettoyage (ma foi, assez efficaces) d’une marque bien connue.
Ensuite, tu peux, au choix, faire la file aux douches, faire la file au barbecue, faire la file à la camionnette qui vend des expressos, faire la file pour te faire masser (mais pas par la fille des médailles). Rassure-toi, grâce à l’organisation britannique, tout va très vite.



Après tout ce tableau idyllique, on arrive au gros point noir des randos britanniques à savoir que tu peux te brosser pour trouver la moindre bière dans un rayon d’un kilomètre. Un concept pareil, chez nous, c’est inexportable. On comprend mieux, maintenant, la vraie raison du brexit. C’est tout simplement parce que nous refusons les randos vtt NA.
J’ai terminé la rando avec 63 km et 1500 m de D+ au compteur.

