La première fois qu’on m’a parlé des « grands feux », j’imaginais une espèce de bucher autour duquel courent des femmes nues avec un balai entre les cuisses ou alors une invention de la secte chrétienne espagnole pour se débarrasser des femmes qui les ouvrent un peu trop.
J’avoue avoir été très déçu quand je me suis rendu compte que c’était juste un fermier qui brûlait son tas de bois dans le fond du jardin.
Bon, d’accord, on m’a expliqué l’invention du contexte historique.
L’histoire des « grands » feux remonte à une époque où on ignorait jusqu’à l’existence même du pays du clown orange aux cheveux jaunes. C’est tout dire. Notez qu’à voir comment cela tourne là-bas, on peut se dire que Christophe Colomb aurait mieux fait de se la dorer sur une plage de Palos de la Frontera plutôt que de s’embarquer pour la transat Jacques Vabre.
Le Grand feu, cela se passe vers la fin février. C’est un gros tas de bois auquel on boute le feu. Cela tombe bien car il permet de dégager un maximum de CO2 en provenance des sapins de Noël de fin d’année. Avec les modèles artificiels, c’est moins bien au niveau du bilan carbone mais cela fait de plus jolies flammes. Et si vous laissez les boules, vous obtenez un spectacle son et lumière.
En matière de son et de lumière, il est important de noter que ces brûlages de culottes sont entourés d’aubettes où sont distribuées (moyennement payement) moultes boissons fermentées. Je me demande même lequel est prétexte à l’autre.
Parmi les histoires inventées :
- On fête (comme il se doit) la fin de l’hiver en brûlant une espèce de mannequin qui symbolise un bonhomme de neige.
- C’est un rite de purification destiné à éloigner le mal (et probablement de trouver un mâle)
- Il assure la fertilité des champs et il évite les incendies (si, si, …)
- Il permet aux illuminés de retrouver l’enfant Jésus que ses parents ont vendu à une bande d’escrocs déguisés en princes.
- …
D’habitude, l’honneur d’allumer le feu était réservé au dernier marié de l’année. Mais cela a été abandonné depuis que la mode n’est plus au féminicide.
A Namur, traditionnellement, le « Grand Feu » a lieu le 1er dimanche de Carême. Je me suis renseigné sur ce Carême et, d’après ce que j’ai trouvé, c’est un « temps de dévotion à dieu associé à une alternance de jours de jeûne complet et de jours d’abstinence. Il dure quarante jours ». Oufti … un moment, j’ai cru que c’était le ramadan. Mais ensuite, j’ai compris que c’était du vent parce jeûne et abstinence dans la même phrase, en Belgique, à Namur, ce n’est pas possible, on serait tous morts.
D’un autre côté, on aurait pu penser à une faute de frappe : « jours de jeûne » ou « jours de jeunes », c’est encore bien possible dans certains milieux froqués.
A Namur, LE feu, c’est à Bouge que cela se passe rue du Grand Feu ( !) et comme le namurois n’aime pas faire la fête seul, il est de coutume d’allumer six autres feux sur les collines d’en face. Et pour chaque feu, c’est buvette et pains saucisses à gogo. Il paraît qu’il faut voir les sept feux en une fois pour être protégé de tout ce que vous voulez (à l’exception des impôts) durant une année. Notez qu’en fin de soirée, les participants sont tellement bourrés qu’ils en voient bien plus que sept, des feux.
Mon idée était de dessiner un parcours de Gravel ou VTT (à faire à jeun) qui passe par les 7 feux namurois. Pour être tout à fait franc, je ne les ai pas tous trouvés lors de mes repérages. Mais il faut dire que c’était la journée et qu’ils n’étaient pas encore allumés.
Je conseille ce tracé par temps sec. En effet il y a une montée et une traversée de champs qui peuvent se révéler être de véritables galères dans la boue.
Le départ (et l’arrivée) se donne sur le Grognon. C’est un endroit central, il y a un parking et tout ce qu’il faut pour simuler des aubettes au retour.
Le départ se donne le long de la Meuse par le chemin de halage que l’on quitte assez vite pour aller chercher le premier feu, le plus important, celui de Bouge. Précisons dès le départ que la grimpette n’est pas une promenade de santé. La première côte fait monter d’une centaine de mètres sur à peine 600 mètres. Au-dessus, on arrive sur le plateau, devant le Grand Feu avec une très belle vue sur la vallée mosane et la ville de Namur.


On descend ensuite vers la vallée en passant par un verger public. On arrive à un grand escalier tournant où la prudence est de mise. Les marches n’ont pas toutes la même hauteur ni la même profondeur. Par temps sec et sur un VTT, c’est déjà assez « touchy » alors, en Gravel, il vaut mieux le descendre à pied.
Arrivé à la chaussée de Hannut, on remonte de quelques mètres jusqu’au passage pour piétons a traverser très prudemment. En effet, pour les automobilistes, la chaussée de Hannut, c’est comme l’ouverture de la chasse pour les chasseurs.
Un peu plus haut, la sente (petit chemin) sur la droite se monte sur le vélo, à la pédale.
Deux rues plus loin, on trouve un escalier avec une espèce de bordure assez large sur sa gauche qui convient bien pour les vélos. Il faut juste faire attention de ne pas accrocher la clôture avec le cintre mais cela ne pose pas de problème pour les gravels.
Encore une petite descente dans un petit bois (cela se descend très bien sur le vélo) et on arrive devant le bâtiment des anciens moulins de Beez, maintenant détenteur des archives régionales. Des fois que cela vous intéresserait il s’y trouve également le bateau de Félicien Rops, Miss Brunette.
Après 400 mètres de route, on se retrouve sur le chemin de halage en direction de Marche-les-Dames et du Pont de Namêche qu’il faut traverser et retourner en direction de Namur. Un kilomètre plus loin, on quitte le bord de Meuse pour monter vers le château de Moisnil. Une fois traversée la N90, on ne prend pas la route à droite qui est privée (et trop facile) mais on prend le chemin juste en face, entre la prairie et le bois. Il se monte sur le vélo et aux jarrets.
Passé le château, s’en suit une longue traversée de champs en montée légère.
On arrive ensuite au second feu, celui de Loyers.

Erpent est la prochaine destination. Là, j’ai trouvé deux tas de bois qui, une fois allumés, ressembleront plus à des feux follets qu’à des grands feux. Mais, bon, c’est l’intention qui compte.


Le prochain feu se trouve derrière le Collège ND de la Paix. A voir la taille des aubettes, ils ne seront pas prêts pour éteindre l’incendie.

Ensuite, on redescend vers la Meuse en passant par le Bois Brûlé qui n’a absolument rien à voir avec les Grands feux.
Arrivé au barrage de la Plante, si vous en avez marre de pédaler, vous pouvez retourner au Grognon par le chemin de halage, le long de la Meuse. Si vous n’en n’avez pas assez, apprêtez-vous à ajouter 130 mètres à votre dénivelé positif en remontant à hauteur de la Citadelle via la Caracole et la Route des Forts où, en principe, le Grand Feu de Wépion se trouve. Je ne l’ai pas trouvé, pas plus que le dernier feu qui doit se trouver sur la Citadelle.

La redescente vers Namur se fait par Terra Nova où absolument rien ne vous empêche de vous jeter une boisson houblonnée namuroise dernière la cravate (c’est une image).
A l’arrivée, vous devriez vous retrouver avec 52 km au compteur pour un D+ de 700 M.
Références :
Confrérie Royale du Grand Feu de Bouge : https://grandfeudebouge.be/
Ville de Namur : https://www.namur.be/fr/loisirs/grands-evenements/hiver/grands-feux