Le Roi

C’était en octobre 2012, un jour d’élection. J’étais parti rouler dans les bois. Chemin faisant, j’ai rencontré un autre vététiste qui m’a fait dévier de ma route en empruntant un bois (privé) où je ne passais jamais. A la sortie de celui-ci, avant de nous séparer, j’ai entendu le cri d’un éwaré qui aurait perdu sa quinzaine aux billes. C’est là que, par miracle, je t’ai trouvé. Tu faisais la taille de ma main et c’est sans me demander mon avis que tu t’es précipité dans ma veste cycliste (de la marque FiveTen).

Tu ne m’as pas laissé d’autre choix que de te ramener au manoir où une vilaine gorgone était déjà montée au créneau pour t’empêcher d’entrer. Mais rien n’y a fait, tu as pénétré dans la citadelle. Deux jours plus tard, ta frimousse et tes facéties ont définitivement conquis la place.

Restaient tes deux congénères qui n’étaient pas très heureux de devoir partager leur royaume. Il ne t’a fallu qu’une semaine pour leur expliquer qui était le nouveau maître. Ta position était assurée.

La nuit, tu avais l’habitude de partir guerroyer par le pont levis ( = la chatière). A chaque fois tu nous ramenais tes prises de guerre.

Un jour, nous ne t’avions plu vu depuis très longtemps ( = 2 heures). Tu es rentré à moitié mort au point que nous avons dû appeler le mage Veto qui t’a emporté dans son charriot volant. Ton abdomen ressemblait à un puzzle et il lui a fallu toute la soirée pour remettre chaque pièce à sa place sans en oublier.

Quand le mage t’a ramené, tu étais calmé et le rythme des croisades révolutionnaires a diminué.

Quelques années plus tard, nous avons déménagé vers une forteresse plus sécurisée avec des douves ( = la Meuse) où ta sécurité était assurée. Là, accompagné de tes deux fidèles laquais chargés d’assouvir tes désirs et souhaits les plus profonds, tu y as retrouvé un endroit calme et reposant.

La demeure était équipée de détecteurs automatiques chargés d’allumer les chandelles lors du passage. Lors des premières nuits, avec l’aide de ta congénère, vous avez transformé la bastide en sapin de Noël au point que certains appareillages ont dû être masqués.

Avec les années, toi et moi avions développé un mimétisme animal. Aucun des deux n’aimait les gens car, c’est bien connu : « l’enfer, c’est les autres ». Bon, d’accord, je n’en étais pas au point de filer dans le lit en dessous des couvertures à chaque bruit de sonnette.

FiveTen, tu étais clochard, tu étais aristochat, tu étais maître, tu étais Prince, tu étais Roi … tu es au Walhalla … et tu me manques déjà.