Nettoyer une chaîne

Dans le monde du Vtt, s’il il y a bien un sujet largement débattu, c’est bien celui du nettoyage de la transmission (chaîne, cassette, plateau(x)). Je ne vois donc aucune raison de ne pas y aller de mon propre ( !) commentaire.

Une chaîne sale abîme l’ensemble de la transmission, que cela soit les plateaux ou la cassette, les roulements de pédalier, voire même le corps de roue libre (body).

La chaîne est le seul élément d’une transmission qui doit être huilé. A la longue, cette huile a tendance à attirer toutes les crasses qui passent à sa portée et, sans entretien, on se retrouve avec des passages de vitesses difficiles, une usure prématurée et, finalement, une transmission qui … casse.  De savants calculs estiment qu’une chaîne encrassée peut faire perdre 5% de puissance.

Pour mettre une chaîne en état, on passe toujours par deux phases : nettoyage (boue, sable …) et lubrification. Parfois, une étape intermédiaire est nécessaire : le dégraissage.

Nettoyage

Après chaque rando, je nettoie toujours ma transmission à sec avec un de ces petits essuies carrés qui se vendent par 10 au brico. Ils ne coûtent rien du tout, peuvent être nettoyés en machine et réutilisés.

Une brosse à vaisselle est bien pratique pour éliminer les petites crasses qui peuvent toujours se coincer dans la cassette. Il faut également nettoyer les deux galets du dérailleur, le(s) plateau(x) avant et la cassette. Tant qu’à faire, vous pouvez en profiter pour vérifier que les galets tournent toujours librement et qu’il n’y a pas de jeu dans le pédalier.

Ces opérations prennent trois minutes et une fois bien sèche, la chaîne peut être relubrifiée immédiatement.

Si vous disposez d’un bike-wash, il n’est certainement pas inutile de passer un petit coup de pression dans les mailles de la chaîne en la faisant tourner. Cela enlèvera déjà le plus gros des crasses, surtout par temps de boue.

Dégraissage

Plusieurs entreprises soucieuses de notre bien-être (et de leur portefeuille) nous proposent moultes produits (en spray ou en pulvérisateur) tous plus efficaces les uns que les autres.

Il existe également de petits appareils en plastique transparent qui font tourner des brosses dans les mailles de la chaîne.

J’en ai essayé quelques un qui fonctionnent tous très bien mais, quand on y réfléchi, ils ne font jamais que d’enlever de la graisse. Ils présentent cependant un inconvénient majeur qui est celui de faire couler du dégraissant sur une chaîne montée sur le vélo. A coup sûr, si vous envoyez du dégraissant sur la chaîne, les roulements du pédalier, des galets ou du corps de roue libre recevront également leur dose. Et du dégraissant dans des roulements qui doivent être graissés en permanence, cela ne peut rien générer de bon. Et je ne vous parle même pas de ce qui tombe sur le pneu et le sol. En conséquence, je pense que dégraisser une chaîne doit se faire en dehors du vélo (voir ci-dessous).

Vous me direz qu’il faut enlever la chaîne, que c’est du chipotage, que cela demande un outil spécial, que cela vous salit les mains et bla bla bla. Dans ce cas, je vous suggère de cesser de me lire et de commencer un nouveau mot-croisé.

Je pars du principe que votre chaîne dispose d’une maille rapide (QuickLink). Il faut un outil spécial pour le démonter (ou, je sais, on peut faire sans … mais c’est plus de chipo).

En principe, ces mailles rapides ne peuvent être utilisées qu’une seule fois (en gros, vous la jetez à chaque démontage). Certaines d’entre elles peuvent être utilisées plusieurs fois (Wippermann et certaines KMC par exemple) mais je ne les ai pas testées. J’ai toujours réutilisé mes attaches rapides une ou deux fois avant de les remplacer sans avoir réussi à casser de chaîne.

Exemple chez KMC : l’attache de gauche avec l’encoche est réutilisable, celle de droite ne peut servir qu’une seule fois.

Connecteur réutilisable Wippermann pour chaîne 11 vitesses. Je ne pense pas que cela existe pour les chaînes Eagle (12v).

Pour bien nettoyer-dégraisser la chaîne, il faut la plonger dans un seau à moitié rempli d’eau chaude avec du détergent style produit de vaisselle ou Monsieur « Proper ». On laisse « agir » quelques minutes et on frotte avec une brosse (à vaisselle ou pour les mains). Il faut une brosse avec des poils rigides qui rentrent bien dans les mailles. Il suffit ensuite de la rincer et laisser sécher. Cette solution ne coûte rien, ne pollue pas (trop) et est aussi efficace que les produits industriels.

Le cas d’une chaîne neuve est un peu plus spécial car elle arrive engluée dans une espèce de cire grasse et collante qui doit absolument être enlevée avant montage. Ne roulez jamais avec une chaîne neuve sans la débarbouiller. Très honnêtement, j’ai essayé la solution ci-dessus mais cela ne fonctionne pas bien pour une chaîne neuve. La meilleure et moins onéreuse solution que j’ai trouvée est de la laisser tremper un jour ou deux dans un bain de dégraissant industriel comme on en trouve pour quelques euros dans les bricos. Le pétrole désaromatisé et le white spirit donnent également un bon résultat.

Une chaîne de VTT peut être utilisée dans n’importe quel sens (il n’y a pas de côté droit ou gauche). Cela dit, je vous conseille quand même de la remettre comme vous l’avez enlevée. La raison est que votre chaîne s’use et si vous ne la remettez pas en place dans le même sens, l’usure risque de se faire dans l’autre sens et de fragiliser une ou plusieurs mailles.

Pour cela, j’ai pris pour habitude de « marquer » l’orientation en plaçant un petit collier en nylon du côté droit de la chaîne.

Remarque : le maillon rapide a un sens de montage, souvent matérialisé par une flèche indiquant le sens de déplacement de la chaîne

Une fois bien sèche et remontée, vous pouvez passer à la lubrification.

Lubrification

Dans une chaîne, seuls les éléments mobiles doivent être lubrifiés. Il est inutile de huiler le côté des maillons. C’est même préjudiciable car cela attirera toutes les crasses qui passeront à sa portée.

Personnellement, j’utilise l’huile Boeshield T-9 en burette mais ce ne sont pas les huiles ou les cires (wax) qui manquent. Faites votre choix. Les lubrifiants en spray sont à éviter car vous risquez d’en retrouver sur vos freins (disques ou plaquettes), ce qui n’est jamais une bonne chose.

Une fois lubrifiée, passez votre chaîne dans une loque (à reloqueter) ou dans un essuie-tout afin d’éliminer le surplus (essentiellement sur le côté des maillons).

Petits rappels :

  • le WD40 que nous connaissons tous est un solvent et pas un lubrifiant. Il ne doit donc en aucun cas être utilisé pour huiler votre chaîne.
  • Le(s) plateau(x) et la cassette doivent être secs (et propres). Il ne faut pas les lubrifier car il n’y a rien de mobile là-dedans.
  • Une chaîne se lubrifie à sec et propre.
  • Il est inutile de vider l’entièreté de la burette pour huiler votre chaîne. Une petite goutte par maille suffit largement. J’ai consommé une burette de Boeshield pour l’entretien de deux vélos sur une année.

Cas particulier

Un nettoyeur à ultrasons est d’une redoutable efficacité pour nettoyer une chaîne ou une cassette. Son avantage est de pouvoir retirer les petites crasses se trouvant à l’intérieur des mailles et des axes et qui ne peuvent pas être atteintes par une brosse.

J’étais un peu sceptique sur le sujet puis j’ai fait un essai avec une chaîne que je pensais propre après un nettoyage quotidien. Cela m’a convaincu.

Remplissez la cuve avec de l’eau chaude et ajoutez-y une bonne dose de Monsieur « Proper ». Réglez le nettoyeur sur 50° pendant 20 minutes. Vous verrez les particules de crasse se détacher.

Avant le nettoyage
Après le nettoyage

Une fois nettoyée, la chaîne doit être bien rincée à l’eau claire puis séchée dans un essuie-tout.

Le nettoyeur à ultrasons peut également être utilisé pour les plateaux et la cassette. Pour cette dernière, selon la capacité du nettoyeur, il sera peut-être nécessaire de la nettoyer en plusieurs fois.

Conclusion : entretenir une transmission ne demande pas de diplôme d’ingénieur et ne coûte pas le prix d’une bagnole.

Moralité : traitez correctement votre transmission et elle vous le rendra au centuple. Non seulement vous dépenserez moins d’énergie pour avancer mais votre portefeuille s’en trouvera également ravi car vous pédalerez bien plus loin avec une transmission entretenue avec soin. Et surtout, n’oubliez pas la bonne vieille citation : « là où il y a de la chaîne, il n’y a pas de plaisir »

Pour info, La chaîne SRAM montée sur mon vélo vient de passer ses 3500 km sans le moindre problème.